Le pélerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle
Le pèlerinage est un voyage vers un lieu saint ou un sanctuaire, une église possédant des reliques. Le mot vient du latin per ager (à travers champs).
La renommée
Le pèlerinage au sanctuaire de Galice épouse l’histoire européenne. A partir de l’invention du tombeau de saint Jacques, au IXe siècle, il prend son essor, accueillant modestes ou illustres pèlerins. Il atteint son apogée entre les XIIe et XVe siècles, devenant même l’un des trois pèlerinages majeurs de la chrétienté, avec Rome et Jérusalem. La pratique du pèlerinage est alors intense, et l’apparition des « années jubilaires » à la fin du XIVe siècle y attire des milliers de pèlerins de toute l’Europe. On visite les restes des saints, ces « amis de Dieu », en espérant une guérison, un pardon, le salut … ou comme condamnation prononcée par un tribunal, avec pour conséquence d’exiler le criminel ou le délinquant loin de sa communauté.
Un pèlerinage qui évolue
La pratique du pèlerinage lointain ne décline pas à partir du XVIe siècle tout en évoluant. Le pèlerinage vers Compostelle est taxé de superstition, attaqué par des pamphlets protestants et déserté par les Allemands, les Hollandais, les Anglais. Malgré la diffusion d’une religion plus intériorisée, la « dévotion moderne », Italiens, Français, Polonais se rendent en grand nombre à Saint-Jacques où, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les attend un nouveau sanctuaire, qui répond à la sensibilité prônée par le Concile de Trente. Les pèlerinages locaux se multiplient parallèlement.
Par ailleurs, les Etats n’aiment pas ces vagabonds de Dieu. Le regard porté sur les pauvres, les mendiants, les vagabonds et les pèlerins change. Autrefois respectés en tant que personnifications du Christ, ils sont désormais accusés d’entretenir le désordre et de propager d’éventuelles épidémies. À partir du XVIe siècle, les réglementations se multiplient en Europe. En France, édits et ordonnances se succèdent dès 1665 pour exiger que toute personne désirant entreprendre un pèlerinage hors du royaume se soumette à des formalités dissuasives. En 1717, la France plongée dans un conflit avec l'Espagne, le Régent va jusqu’à interdire à quiconque de quitter le territoire pour raison de pèlerinage.
Le renouveau
Au XIXe siècle, le pèlerinage vers Compostelle n’est plus que l’ombre de lui-même. La Révolution, les Lumières et les campagnes napoléoniennes ont relativisé sa pratique. Toutefois, en 1879, à la suite d’une fouille archéologique pratiquée dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, une bulle pontificale authentifie les reliques de saint Jacques. Le pèlerinage va alors lentement renaître. À partir des années 1950, le sanctuaire galicien va retrouver progressivement son lustre d’antan.